Santé mentale : comment la promouvoir, comment la déstigmatiser ?

Dans le cadre des Semaines d’Information en Santé Mentale 2018 (SISM), le réseau santé mentale sud Ardèche a créé une exposition de photographies pour démonter les clichés liés à la santé mentale. Cette exposition est le fruit d’une collaboration de 9 mois entre l'artiste Alexa Brunet et une centaine d’acteurs du Sud Ardèche (usagers, bénévoles et professionnels du social, du médico-social, du soin et de l’Education Nationale).
Quelle a été la plus-value pour un centre social de s’engager dans une telle aventure ?
3 questions à Jérémiah DIALLO, médiatrice santé dans un centre socio-culturel à Aubenas.

A lire aussi :

• "Environnements favorables à une alimentation saine : une réponse aux inégalités sociales de santé ? " : La santé en action n°444, juin 2018.
  

Dans quel contexte s’est mis en place le service sanitaire des étudiants en santé ?

Le service sanitaire des étudiants en santé est une promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron. Mesure phare du Plan de Santé publique « Priorité Prévention » (1) faisant suite à la Stratégie Nationale de Santé, le service sanitaire est dorénavant porté par la loi (décret et arrêté du 12 juin 2018). En région, sa mise en place est copilotée par l’Agence Régionale de Santé et l’Education nationale.

Après une phase préparatoire au printemps 2018 et une expérimentation à l’université de Clermont-Ferrand sur la fin de l’année scolaire 2017-2018, le service sanitaire en santé est rentré dans sa phase opérationnelle sur l’ensemble de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en cette rentrée 2018-2019.

Quels sont les objectifs du service sanitaire en santé ? Quels étudiants sont concernés ?

Ce nouveau dispositif doit permettre aux étudiants poursuivant des études médicales et paramédicales d’être sensibilisés aux enjeux de prévention et de promotion de la santé.
Il s’agit ainsi :
• de « favoriser une intégration de la prévention primaire dans la pratique des futurs professionnels »
• de « permettre la réalisation d'actions concrètes de prévention primaire participant à la politique de prévention et de lutte contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé » (2).

Sont ainsi concernés près de 5000 étudiants en médecine, maïeutique (sage-femme), pharmacie, odontologie (dentaire), kinésithérapie et soins infirmiers. Pour favoriser une approche globale des questions de santé, les étudiants seront formés pour réaliser un stage en prévention et promotion de la santé auprès de publics vulnérables, en groupes inter-filière.

En quoi consiste le service sanitaire pour les étudiants ?

Pour chaque étudiant, le service sanitaire en santé représentera l’équivalent d’une période de trois mois :
• Les étudiants recevront d’abord un enseignement théorique (par e-learning, environ 20h), complété par des enseignements dirigés. Ils recevront également une formation pratique de 16h à la construction et à l’animation en classe de séances d’éducation pour la santé.
• Pour cette première année de mise en place, les étudiants iront ensuite proposer, sur une durée cumulée de 6 semaines, des séances d’éducation pour la santé dans des établissements volontaires de l’Education nationale (écoles primaires, collèges, lycées). Les interventions devront porter sur « la promotion de comportements favorables à la santé », sur des thématiques pré-définies (alimentation, activité physique, addictions, éducation à la sexualité et contraception notamment).

Qui va former les étudiants et sur quels principes ?

Les quatre grands pôles universitaires de la région (Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon et Saint-Etienne) ont mis en place des instances de coordination réunissant :
• les différentes composantes universitaires et les instituts de formation de soins infirmiers,
• l’Education nationale,
• des acteurs associatifs.

L’articulation avec l’Education nationale représente en effet un enjeu majeur afin d’accompagner au mieux les étudiants sur leur lieu de stage : choix de l’établissement d’accueil, tutorat, inscription de la séance d’intervention dans le cadre du projet d’établissement, évaluation de la séance d’intervention…

La mobilisation des acteurs associatifs spécialistes du champ de l’éducation pour la santé et de la promotion de la santé, dont l’IREPS ARA, permet quant à elle d’accompagner la construction et la mise en place de la formation pratique des étudiants. La priorité est de former des étudiants à la posture éducative et à l’animation de séances collectives en classe (notamment afin « de ne pas nuire » aux enfants, aux adolescents et aux jeunes). Il s’agit également de leur permettre d’expérimenter d’autres pratiques que la relation duelle soignant/patient.

Les modalités de formation des étudiants diffèrent selon les pôles universitaires. A Clermont-Ferrand, par exemple, la formation a été menée directement par les enseignants et les acteurs associatifs auprès des étudiants. Cependant, devant le nombre important d’étudiants et l’impossibilité de tous les former en direct, le choix a été fait de proposer des formations de formateurs. Ainsi à Lyon et Grenoble, c’est plus d’une centaine d’enseignants, doctorants, ou professionnels de santé volontaires qui ont été formés par l’IREPS, l’ADES du Rhône et l’Education nationale, afin de pouvoir former eux-mêmes en retour leurs étudiants à ces notions de posture éducative et d’animation de collectifs d’élèves.

Quels sont les enjeux ?

Le service sanitaire en santé offre l’opportunité de décloisonner la promotion de la santé et le soin. Mais il a dû être mis en place dans des délais extrêmement contraints et en l’absence de moyens supplémentaires. De nombreuses interrogations subsistent encore, notamment en termes d’évaluation des effets de ce dispositif, au niveau des étudiants mais surtout des enfants et jeunes destinataires finaux des interventions.

Même s’il s’agit de « contribuer à la réponse aux besoins de prévention dans les territoires » (2), les objectifs du service sanitaire se doivent de rester modestes en termes d’impact sur la santé de ses bénéficiaires. Il s’agit ici d’apporter une pierre à l’édifice d’une politique de santé plus globale sur les territoires. Les interventions des étudiants ont ainsi vocation à venir s’insérer dans le cadre d’un projet de prévention ou de promotion de la santé plus large, porté par l’établissement scolaire (via son CESC) (3) en réponse aux besoins de santé locaux des enfants.