D’où viens-tu, qui es-tu ?
Mes amis et moi sommes nés d’un constat : à une époque où l’information santé est omniprésente sur internet, les jeunes éprouvent de grandes difficultés à se repérer dans la complexité du système de soins et dans la masse d’information. Dans ce contexte d’"infobésité", il paraissait nécessaire de développer un support différent garantissant un accès simplifié aux ressources existantes. En effet, se renseigner ça peut aider !
L’IREPS RA et le pôle santé du CRIJ RA se sont ainsi associés pour élaborer et animer ce portail, grâce au soutien du conseil régional RA et en s’appuyant sur l’expertise d'un réseau d’acteurs de santé publique*.
Nos vidéos donnent le ton : ce site sera un lieu d’information et d’échange vivant et ouvert.
En quoi toi et tes amis, vous pouvez être utiles pour les jeunes ?
Nous voulons, sur le ton de l’humour, interpeller les jeunes de Rhône-Alpes et leur montrer que nous aussi nous pouvons rencontrer des problèmes de santé sans vraiment savoir quoi faire et qui consulter.
Pour chaque thème de santé, une vidéo nous met en scène, mes amis et moi, et permet d’introduire plusieurs ressources à disposition des jeunes. |
Une carte interactive permet par exemple de localiser les lieux ressources sur la santé les plus proches de son domicile ou du lieu de son choix.
Les internautes pourront aussi découvrir les principales questions que se posent les jeunes avec des réponses apportées par des professionnels. Ils trouveront des actualités sur la santé comme des événements, des campagnes nationales, des vidéos ou applications nouvelles sur la santé… Et bien sûr des liens internet vers des sites régionaux et nationaux complémentaires.
Et pour les professionnels ?
Nos vidéos un peu décalées peuvent servir d’amorce pour les professionnels de terrain qui souhaitent sensibiliser les jeunes aux problématiques de santé. Nous devenons en cela une ressource pédagogique. En outre, les professionnels de terrain jouent souvent un rôle d’interface entre les jeunes et le système de santé. De ce fait, l‘accès à un annuaire des lieux ressources sur la santé, triés par thème et territoire et mis à jour par un réseau de professionnels, constitue un réel levier pour pouvoir orienter les jeunes au quotidien.
* Le métaréso, et tout particulièrement l’ANPAA, l’IRJB, le MFPF, la mutualité Française RA et la fédération Addiction.
Découvrez www.sante-jeunes.org
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Que représente l’illettrisme en France ?
Témoignage recueilli au cours du colloque organisé par le centre ressources illettrisme en décembre 2014 à Grenoble :
L : "A 55 ans, suite à un accident de travail, je ne pouvais plus exécuter mon métier dans le BTP. Au lieu de me licencier pour inaptitude, on m’a proposé un poste à responsabilité. J’ai été obligé de dire à mon patron que je ne savais pas lire ! Alors on m’a orienté vers une orthophoniste, et cette personne s’est débrouillée pour me mettre en relation avec le LEFOP*.
Depuis trois ans maintenant, je réapprends à lire et à écrire. Grâce à ça, j’ai pu accéder à un poste à responsabilité. Aujourd’hui je dirige une équipe de 14 salariés dans le BTP."
*LEFOP : association grenobloise qui accompagne des personnes en situation d’illettrisme. |
En France, on parle d’une situation d’illettrisme lorsqu’une personne âgée de plus de 16 ans, bien qu’ayant été scolarisée en France, n’a pas acquis la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul (1).
7% de la population est concernée en France, contre 9% en 2004, et, contrairement aux idées reçues, la moitié d’entre elle est en emploi.
En revanche on ne peut pas parler de situation d’illettrisme pour une personne étrangère ou immigrée qui n’a pas été scolarisée en France. Dans ce cas, le manque de maîtrise de la langue est associé à des difficultés purement linguistiques.
Enfin, on parle d’analphabétisme pour désigner des personnes qui n’ont jamais été scolarisées (2).
Quels peuvent être les freins à l’apprentissage ?
Une personne en situation d’illettrisme a souvent connu un parcours chaotique, douloureux à l’école. Les raisons peuvent être multiples : des problématiques de santé ayant conduit à des interruptions du parcours scolaire ; des problématiques relationnelles durables (ruptures familiales par exemple) ; ou encore des troubles spécifiques liés à l’apprentissage (par exemple une dyslexie ou dyspraxie qui n’a pas été diagnostiquée ou prise en charge de manière adaptée).
Cela conduit souvent les personnes à se décourager face à l’énergie nécessaire pour mobiliser leurs capacités d’apprentissage. L’apprentissage peut être vécu comme un parcours d’obstacles, qui nécessite des efforts démesurés pour un résultat trop incertain. Cette situation se traduit souvent par une perte de confiance et d’estime de soi. Honteuses de l’image qui peut leur être renvoyée dans notre société, les personnes en situation d’illettrisme développent alors des stratégies efficaces pour dissimuler leur absence de maîtrise en lecture ou en écriture : le fait d’oublier ses lunettes, de faire lire la note de service par son collègue ou encore de ne pas pouvoir remplir un formulaire parce qu’on a mal au bras sont autant d’exemples courants.
De fait, elles développent souvent des capacités de mémoire auditives ou visuelles importantes.
Dès lors, il est souvent difficile de repérer une situation d’illettrisme et d’analyser les freins qui ont conduit à cette situation.
Comment y remédier ?
Il est indispensable de travailler en amont à prévenir les situations d’illettrisme, notamment en détectant et en accompagnant les problématiques de santé qui peuvent être sources de difficultés d’apprentissage. Une collaboration entre professionnels de santé, parents et équipes des établissements scolaires s’avère indispensable pour accompagner au mieux un enfant ou un adolescent avant qu’il ne décroche scolairement.
Pour un adulte en situation d’illettrisme, la question ne se pose pas de la même manière. Il importe de vérifier avec lui en quoi cette situation lui pose problème dans sa vie quotidienne : est-ce un frein à son évolution professionnelle ? Est-ce un frein au suivi de la scolarité de ses enfants ? Est-ce un frein à l’accès aux droits ou aux soins ?
Poser les problématiques avec la personne concernée, sans la culpabiliser, est un levier incontournable si l’on veut mobiliser positivement une personne vers l’acquisition des compétences de base. Mais quelles que soient les bonnes intentions d’un proche, d’un travailleur social, ou d’un employeur, c’est à la personne elle-même qu’il appartient de décider du moment, du temps dont elle a besoin pour se re-mettre en formation.
En quoi la lutte contre l’illettrisme contribue t-elle à la santé ?
On peut interroger ce qui justifie la volonté de sortir à tout prix les personnes de leur situation d’illettrisme. Selon Bernard Lahire (3), c’est d’abord notre société qui met en avant cette problématique, car l’intégration et la réussite dans notre société passent nécessairement par la maîtrise de l’écrit.
Dès lors, lutter contre l’illettrisme devient d’autant plus nécessaire qu’il permettra d’éviter des risques de précarisation, de dépendance ou d’inégalité. Par exemple, dans un contexte de crise économique, il est fréquent de voir des personnes en situation d’illettrisme être les premières concernées par un plan de licenciement économique et/ou avoir davantage de difficultés à réussir une reconversion professionnelle.
Dans la vie quotidienne, le fait de ne pas être savoir gérer administrativement leurs papiers conduit souvent les personnes en situation d’illettrisme à une forme de dépendance de leurs proches, ou des travailleurs sociaux. Dans le domaine de la santé enfin, elles subissent des inégalités. Des études récentes ont montré que l’illettrisme est un facteur d’inégalité sociale de la santé au même titre que l’âge, les revenus ou la configuration familiale (4).
Mais le plus marquant est sans doute le fait que l’illettrisme conduit bien souvent à un manque de confiance et d’estime de soi, ce qui est contraire à la définition même de la santé d’un individu. Au-delà de l’évitement des maladies, celle-ci correspond d’abord à une situation de bien-être et à une meilleure qualité de vie.
Le fait de maîtriser les compétences de base constitue donc un indicateur de santé non négligeable dans notre société. Le Centre Ressources Illettrisme au sein de l’IREPS, par sa mission de lutte et de prévention de l’illettrisme, participe activement en Isère à promouvoir cet indicateur de santé auprès de toutes les personnes concernées.
Consultez notre sélection bibliographique :
Isabelle KRAFT
Coordinatrice du Centre IRIS
1. et 2. Selon la définition de l’Agence Nationale de Lutte contre l’Illettrisme (ANLCI).
www.anlci.gouv.fr
3. Bernard Lahire, « l’invention de l’illettrisme », Ed la Découverte, 1999.
4. Collège de la médecine générale. Pourquoi et comment enregistrer la situation sociale d’un patient adulte en médecine générale ? [Recommandations], Neuilly-sur-Seine : CMG, 2014.
IRIS
Le Centre ressources illettrisme de l’Isère
Le Centre ressources illettrisme de l’Isère (IRIS) s’adresse à tous les acteurs de la lutte contre l’illettrisme, salariés et bénévoles :
- Informations
- Réalisation d’outils d’aide à l’orientation vers la formation des publics adultes
- Prêt de documents : méthodes et outils d’apprentissage, ouvrages de pédagogie..
- Organisation de journées de sensibilisation et de professionnalisation
- Appui technique et pédagogique pour les actions en cours ou pour les projets en développement
Lieu : IRIS, Le Patio, 97 galerie de l’Arlequin- 38100 Grenoble
(Tram A, arrêt Arlequin)
Nous contacter :
Tél. : 04 76 40 16 00 - Mail : cri38.iris@education-sante-ra.org
Site : www.cri38-iris.fr
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